vendredi 16 février 2018

Trois traductions accessoires


Sarah Kirsch, Vie de chat

1. Neige

Comme devant nos yeux exercés
Tout se transforme, le village vole
Des siècles en arrière dans la neige
Il ne nous faut que quelques corneilles
Des saules têtards le long du chemin, des chiens démodés
Amour et fidélité ont cours, tu me tires
Par-dessus des fossés, portes mon petit
Fagot volé dans le soir
Une fumée vivante enveloppe les maisons.


2. Tempus hibernum


Quand le charme s’amenuise et le gel
Fait une pause, reprend ses forces, les prairies
S’étendent presque comme en été, la neige
Est un reste sale et sur les étangs brillants
Stagne l’eau de fonte, quand le village
Ouvre les portes des étables, les veaux nés dans l’année
Ont le droit de cavaler pendant une après-midi et ça sent partout
Le fumier, la vache et les meules de maïs
Quand les paysans coupent du bois dans la forêt, les piverts
Se rassemblent dans le jardin et le soleil prudent
Ratatiné et tout faible dans la brume éternelle
Pourtant ose s’avancer précocement dans l’éther
Modèle villageois d’un soleil simple et utile
Soleil dont on entendra encore parler
Quand les champs abandonnent leur distinction
Se montrent échevelés, existence ordinaire, effondrée
Les bouses de l’été passé apparaissent
Sur place, des ruines d’arbres
Vagabondent sous des nuages enragés
Les âmes noires des corneilles
Se hissent dans le vent, quand la vie
Est alors monotone, triste et vulgaire
Parmi des gens renfrognés et moroses, moi
Je suis heureuse en ma campagne banale.


3. Troisième portée


En essayant d’atteindre les barreaux de l’échelle
Les chatons tombent régulièrement
Du haut du grenier sur les dalles de l’étable.
Après la première chute fatale, le fermier balance
De la paille sous la trappe, les petits mistigris
Récupèrent la tétine du pionnier
Sur le ventre maternel, leur chances de survie
Ont augmenté de façon vertigineuse.


Trad 23 Janvier,11 et 13 Février 2018

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